Claude Rinck raconte sa guerre
Les élèves de 3ème de la Fontonne rencontrent ce passeur de mémoire de 94.
Il témoigne de sa jeunesse en Alsace pendant l'annexion allemande
En 1945, Claude Rinck avait 16 ans.
C’est à peu près l’age des collegiens de la Fontonne auxquels il livre le temoignage de son enfance en Alsace pendant la Seconde Guerre Mondiale. Élèves des classes de 3e, tous sont candidats au Concours National de la Resistance et de la Deportation.
Claude Rinck est né le 22 août 1929 a Strasbourg, issu d’une famille alsacienne tres francophile, il se définit comme un passeur de mémoire. Profondement marqué par l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne nazie, Claude a décidé, depuis six ans, de partager ses souvenirs avec les collégiens.
Autour du thème du concours 2023, "L’ecole et la Résistance", Claude raconte les interdictions, les humiliations et les traumatismes : « nous avions interdiction de parler français, on nous obligeait à chanter les hymnes allemands, on nous incitait à la délation, notre présence était obligatoire aux jeunesses Hitlériennes… ».
Quand Claude s’interrompt pour reprendre son souffle, les doigts se lèvent dans un même empressement.
Ranim, Max, Love-Rose et leurs camarades ont conscience du caractère rare et précieux d’un tel temoignage.
"Ma plus grande peur"
Face à l’émotion palpable de Claude quand il leur livre sa plus grande peur, les élèves affichent une grande pudeur. Certains détournent le regard pour ne pas le mettre mal à l’aise.
"C’était au printemps 1943 quand j’ai entendu une discussion entre mon père et mon oncle qui lui annonçait son arrestation imminente. Mon père a surpris ma présence. Il m’a pris à part et m’a expliqué que toute notre famille serait certainement arrêtée et déportée. Avec ma mère nous avons préparé un petit bagage avec quelques affaires que nous pensions indispensables...
Mon père nous avait prévenus que les Allemands viendraient tôt le matin...Pour moi commence la période la plus désagréable de la guerre. J’ai peur, une peur lancinante. J’ai du mal à m’endormir, je me réveille souvent en sursaut. Je me lève, j’entrouvre les volets pour voir s’il n’y a pas de voitures de police qui rodent. Cette période a duré trois mois. Par la suite, j’ai subi des bombardements aériens durs, des bombardements d’artillerie et vécu en zone de front où ça se battait à proximité à coups de mitraillettes ou de grenades à main...
Aucune comparaison avec cette grande peur du printemps 1943… ".
#DevoirdeMemoire