Théo Tobiasse à la lumière d’Antibes
Catherine Tobiasse, commissaire de l’exposition estivale à ciel ouvert « Du Trait à la Matière » nous parle de l’oeuvre de son père.
Avant de s’installer dans ses célèbres ateliers de Manhattan et de Saint- Paul de Vence, Théo Tobiasse a longtemps cherché un atelier face à la mer sur les remparts d’Antibes. « Dans toute l’oeuvre de mon père on retrouve cette quête de la lumière, si particulière à Antibes. Une lumière nécessaire qui résonne comme un contrepoids aux années d’enfermement vécues dans l’obscurité de l’occupation nazie » dévoile Catherine Tobiasse, commissaire de l’exposition, à Ciel ouvert « Du trait à la matière » qui présente tout l’été six sculptures monumentales en extérieur et une pluralité d’oeuvres à l’espace d’exposition des Arcades.
Quels liens nourrissez-vous avec l’oeuvre de votre père ?
Aussi loin que mes souvenirs remontent j’ai toujours été très au contact de sa démarche créative. Je l’ai toujours vu avec un pinceau ou un crayon à la main. Enfant, j’étais émerveillée par son atelier. Mon père m’a beaucoup parlé de sa quête artistique où l’on retrouve les symboles omniprésents de la Bible, de la mémoire de l’exil de son peuple et de la Femme. On me fait souvent remarquer qu’il dessinait.ou sculptait des femmes très plantureuses avec des corps disproportionnés. Sa démarche était d’aller au-delà de la réalité académique. Ces corps volumineux, dispropotionnés révélaient son expression et l’exhubérance de son imaginaire. Peintre, graveur, sculpteur, céramiste dans les années 90 à Vallauris, il était un explorateur au service de son expression.
Quelle tonalité particulière souhaitez- vous pour cette exposition antiboise ?
Pour Antibes, j’ai voulu une exposition plus personnelle, plus intimiste. Mon père avait un attachement particulier pour cette ville qui a accueilli au Bastion l’une de ses premières grandes expositions. « Du trait à la matière » dit combien, du plus petit dessin jusqu’aux sculptures monumentales, le trait constitue l’essence même de sa création. Le trait était pour lui une écriture. Il comparait toujours le dessin à une symphonie autour de laquelle s’installait l’orchestre des couleurs. Le dessin est donc très présent dans cette exposition à laquelle j’ai aussi voulu associer deux créations majeures intitulées « Sur les rives de Babylone ». Des pastels de 1988, sur panneaux de bois qui marquent, dans l’oeuvre de Tobiasse, le passage du plan au volume. Sur le port Vauban seront exposés trois grands bronzes et deux grands aciers découpés. Pour installer « Les Musiciens », oeuvre symbole de cette exposition, qui figure parmi la série des totems, j’ai choisi le jardin Lombard dans le Vieil Antibes. C’est l’une de ses premières sculptures en acier découpé sur laquelle il a peint. Elle vient d’ailleurs d’être restaurée.
L’espace culturel des Arcades accueillera deux grands panneaux en bois, des dessins à la mine de plomb, des sculptures en bronze, des céramiques. Figureront aussi de grands carborandums colorés inspirés des
sites archéologiques de Yucatàn au Mexique où mon pére a résidé.
Du 26 juin au 19 septembre, vernissage samedi 3 juillet à 18h
Entrée libre à l'Espace culturel Les Arcades, 18 boulevard d’Aguillon du mardi au samedi de 10h à 18h
Port Vauban, à ciel ouvert